Entretien avec Giovanni Villa, Bouygues Construction
09 | 02 | 2015
Entretien avec Giovanni Villa, Directeur de Production Grands Projets sur la réalisation de la vêture en panneaux d’aluminium cintrés dans trois dimension et perforés à l’unité.
Y a-t-il eu prise de risques pour réaliser l’immeuble de bureaux Rezo imaginé par Anne Démians, si oui lesquels?
Giovanni Villa : Le risque est souvent présent lorsque l’on réalise un bâtiment original. La complexité et la notion de prototype augmentent le facteur risque mais cela n’est est que plus motivant pour ceux qui contribuent à l’œuvre. Les risques et aléas doivent être identifiés très tôt et analysés de façon précise. Il faut ensuite choisir les solutions qui permettront de les éliminer avant même qu’ils ne se révèlent. Il y a bien-sûr les risques techniques et de maitrise des délais mais sur REZO le risque majeur résidait dans la mise en œuvre de la vêture. Le risque de décevoir le concepteur qui nous avait confié la réalisation de sa création architecturale surpassait tous les autres.
Quelle est la capacité de Bouygues à réaliser de grands chantiers de ce type en termes d’organisation, de recherches et développement, de gestion des compétences ?
G.V. Bouygues est souvent confronté à la réalisation d’ouvrages complexes, nos références sont nombreuses. A chaque fois, notre passion d’entreprendre et de dominer la complexité par le savoir faire et l’organisation nous ont conduit à la réussite. Notre savoir faire s’aiguise grâce à des opérations comme REZO et à des architectes comme Anne DEMIANS. La créativité du maitre d’œuvre nous permet de démontrer notre capacité à maîtriser les risques inhérents à ce type de projets. La mise au point, l’étude, la fabrication, l’exécution, le contrôle, la sécurité, l’après vente sont les étapes où chaque technicien, chef de chantier, ingénieur ….apportent leur valeur ajoutée et contribuent à la réussite du projet. Il faut veiller à mettre toutes ces compétences en harmonie avec les autres acteurs du projet.
Quelle partie du bâtiment était la plus compliquée à réaliser ?
G.V. Pour REZO, c’est la vêture qui était la plus compliquée. Il s’agissait d’habiller le bâtiment en panneaux d’aluminium cintrés dans les trois dimensions et perforés à l’unité sans aucune répétition. Un ensemble complexe qui nécessitait une technicité particulière et des moyens très importants pour étudier et réaliser. L’exiguïté du site coincé entre les voix SNCF et d’autres chantiers en activité s’est révélé être une contrainte supplémentaire très délicate.
Cette réalisation de bureaux blancs n’est-elle pas la preuve de la disparition d’un savoir faire français puisque vous êtes allés chercher des spécialistes en construction métallique en Catalogne et en Ukraine ? A contrario, ne peut on pas se féliciter d’une coopération européenne réussie ?
G.V. Le savoir faire français se tourne plus facilement vers l’industrialisation, la fabrication en série. Ici, il a fallu trouver des compétences en cintrage à la pièce, d’assemblage à blanc en usine, d’ajustage sur site. La société LAUBEUF, notre partenaire, a proposé des entreprises européennes évaluées et reconnues pour leurs capacités dans ces domaines.
Après avoir déployé les moyens nécessaires à la maitrise des aléas survenus lors de cette collaboration, On peut effectivement évoquer une coopération européenne réussie.
La Société Laubeuf qui a réalisé la mantille d’acier est-telle la plus qualifiée en ce domaine ?
G.V. Nous avons choisi notre partenaire, la société LAUBEUF parce qu’elle représentait pour nous le meilleur accompagnement technique et professionnel pour cette opération.
Giovanni VILLA, Directeur de Production Grands Projets – IGH-Centres Commerciaux et Grands Comptes