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Les nouvelles technologies changent-elles la configuration de la ville ?

20 | 03 | 2016

Selon Anne Démians, la réalisation du pôle tertiaire pour Société Générale nous interroge sur le changement inévitable des modèles urbains qu’implique l’apparition récente et massive des nouvelles technologies et des nouvelles énergies. Ces paradigmes changeraient-ils la configuration de la ville ? C’est la question que pose Elodie Nourrigat, architecte et professeur à l’ENSA. Eléments de réponses.

Architecte et professeur, Elodie Nourrigat m’a demandée de participer à Montpellier à une conférence initiée par l’Ecole d’architecture sur le questionnement suivant : comment s’interroger sur le changement de paradigme urbain qu’implique l’apparition massive de nouvelles technologies ?
Question simple, réponse simple.

L’objet de cette intervention est de nous interroger sur le changement inévitable des modèles urbains qu’implique l’apparition récente et massive des nouvelles technologies, des nouvelles énergies, comme de toutes les formes qu’elles induisent directement ou indirectement.
Il s’agit d’essayer d’apporter, en même temps qu’on les aura décelés, des nouveaux repères et des réponses appropriées.
On prend à peine conscience, aujourd’hui, et certainement plus qu’il y a cinq ou six ans, qu’Internet a modifié en profondeur nos échanges et nos modes d’expression.
Pour autant, on a, d’un côté, une quantité d’études, très intéressantes, qui constatent ces changements et qui notent l’accroissement d’une économie de partage. Des études qui parlent d’une hybridation des cultures que développent naturellement, et de manière hypersonique, nos échanges permanents et brefs (plutôt raccourcis). Et c’est cette capacité à enregistrer des données infinies et entremêlées sur le développement des villes que nous développons avec entêtement (et, avec elle, tous les aspects complexes de l’acte de construire). D’un autre côté, nous montrons une incapacité sérieuse à intégrer des transformations qui restent issues directement du tout numérique. Alors que faire ?
Nous faisons germer une société basée sur l’hyper-communication et, par ailleurs, nous faisons preuve d’un manque de concentration totale sur les métamorphoses matérielles, urbaines et esthétiques qu’elle suggère, peu créatives et bien trop prudentes.
Car, il n’est pas difficile de constater la difficulté que nous avons actuellement à réaliser une synthèse simple et lisible, des choses, que personne ne fait plus, en dehors de l’architecte. Nous restons sur des sujets que nous croisons par obligation et devrions en présenter une critique accablante, mais nous ne le faisons pas.
Ce que je propose n’est rien d’autre que de faire sortir de la zone grise, certains thèmes qui sont essentiels à la pratique de notre art, quand on le confronte aux réalités d’un territoire d’études sur l’énergie, sur le social, sur les techniques, sur l’écologie ou sur le design. Cette démarche a nourri mes projets et l’ensemble de mes réalisations, ces 8 dernières années.
Sous le nom d’ nergie je pointe l’accroissement des technologies numériques comme un apport majeur dans notre société d’hyper-communication installée dans l’instantané.
Le développement d’Internet a eu des incidences énormes sur nos modes de vie. C’est une évidence. La lecture attentive de « La Petite Poucette », l’ouvrage de Michel Serres, permet de comprendre l’importance du numérique dans les changements conséquents qui se sont produits, ces dix dernières années, dans nos rapports, les uns avec les autres. C’est une énergie, dont la nature est complètement nouvelle, et qui se glisse en nous, se traduisant instantanément dans nos phrases et dans nos reflexes. Rapport à la connaissance, rapport à l’image, constat de la centralisation d’un pouvoir qui s’érode au profit de la représentation plus horizontale d’un esprit collectif, plus collaboratif.
Les attitudes au travail s’en trouvent modifiées et notre rapport à l’espace est bouleversé, qu’il soit rapproché ou territorial. Les centres urbains ont l’obligation de se transformer et doivent intégrer d’urgence l’idée de chronotopies actives et spécifiques pour qualifier mieux l’usage des espaces à consommer collectivement. Ce modèle linéaire, construit et intelligent (la chronotopie des espaces) dans lequel le temps est le facteur principal, permet de renforcer toutes les occasions de partager rentablement et utilement l’espace construit.
Espaces partagés entre habitations et bureaux, espaces partagés entre institutions et sociétés privées, l’idée force est de valoriser sans aucune perte d’usage, et à tout moment de la journée et de la nuit, les dimensions les plus confidentielles et les plus ouvertes de la ville.

https://chroniques-architecture.com/ruedi-baur-ou-les-langages-des-lieux/

L’énergie, à elle seule, sait-elle produire une urbanité ?

Dans quelle mesure sommes-nous vraiment attachés à une société en train d’évoluer du fait du numérique ? La vraie question ? : À partir de quelle matérialité construit-on cette réalité ?
On pourrait, bien sûr, évoquer cette réalisation magnifique des Thermes de Vals, œuvre de Peter Zumthor construite à partir de la pierre locale, de ses assemblages et de sa couleur choisie. Cette architecture est incontestablement contextuelle. Et, elle est, pour moi, juste et précisément suisse.
Or, elle porte en elle une certaine nostalgie qui est directement liée à sa résolution. Et même si elle reste l’exemple d’une réussite confirmée, je reste persuadée qu’elle ne peut pas servir une méthode. Alors, on s’interroge. A-t-on besoin de méthode pour matérialiser une énergie tirée d’un environnement si spécifique ? Evidemment non, quand il s’agit d’une telle œuvre. Mais certainement oui, si on se place sur le plan de l’exemplarité avantageuse et d’un copyright dangereux parce qu’incontrôlable.
Prenons cet autre exemple extrême que celui de la réussite désincarnée de Bouygues-Challenger, au sommet de la technologie énergétique démonstrative, mais tellement absent sur le plan de l’architecture qu’on s’interroge au pourquoi de telles solutions désincarnées. Là, on pense que mettre en avant l’idée de dépenser le moins d’énergie possible et de le montrer est acte d’architecture. C’est insuffisant, bien sûr.
Pour ma part, je questionne constamment l’énergie et l’empreinte carbone dans mes constructions mais je m’interroge également sur le sens de la matérialité. Pour preuve le siège social d’une grande banque française que je réalise actuellement le long du RER A. Il s’agit de la Société Générale qui s’implante sur Val de FONTENAY, près de PARIS. Ce chantier commencé voilà un an se terminera en 2017, ce sont 90 000m² de surfaces de plancher à construire. Et toute l’histoire de cette réalisation consiste à juxtaposer deux réflexions menées parallèlement.
Les façades deviennent des objets technologiques très sophistiqués, au point de trouver une interface inédite avec l’intérieur, lui-même modifié par l’intrusion en masse d’un esprit né du numérique. Nos comportements, dans nos façons de travailler, sont devenus évidemment différents. Avec l’informatique, nous montrons moins de besoin en lumière, alors que les nécessités propres au confort ou à l’ergonomie se sont accrues, avec l’idée, quand même, d’un rendement supérieur en production.
Il y a eu modifications des modes d’habiter et de travailler, depuis quelques années. Ce que je propose, dans le futur siège social de la Société Générale est de réfléchir à cette question du matériau. Il y a cette belle idée qu’à travers l’évolution d’une façade, il y a peut-être de nouvelles matières à explorer, autre que celles dont on nous rabat les carnets de croquis depuis des années.

La Société Générale montrait, jusqu’à ce projet de Val de Fontenay du métal et du verre dans toutes ses constructions. Ici, l’idée est que si l’homme reprend sa place au cœur du dispositif collégial et productif d’une banque, il doit bien exister une manière de l’exprimer. CQFD. D’où ma proposition faite à la Société Générale qui a elle-même réfléchit en amont puis avec moi aux espaces de travail accompagnant l’arrivée du numérique. En fait, ce phénomène du numérique ouvre la voie à des moments de travail placés sur une plus grande étendue de temps, faisant croiser des moments intenses de travail avec des moments de détente venant interagir entre eux. Les espaces sont changeants, dans leur destination, mais toujours dans des limites floues, alors que leur dessin est extrêmement précis. C’est aussi arriver à faire que les glissements entre le travail et les activités complémentaires soient possibles, sans rupture.
Nous sommes, là, au cœur de l’identification. Jusque-là, le verre des façades exprimait la puissance de l’entreprise. Dans le cas présent, il s’agit d’exercer un léger glissement vers une expression plus individuelle. Nous sommes aussi, j’insiste, dans la duplication d’exigences individuelles générant d’autres façons d’utiliser l’espace.
A partir de cette intention, on perçoit les choses de plusieurs façons. Les lames extérieures sont simplement (est et ouest) des brise-soleil. Elles viennent atténuer la lumière directe entrant dans les bureaux. Le clos couvert marque une certaine brillance. Il est tout en aluminium. Et c’est ce décalage entre ces deux matières qui crée l’épaisseur de la façade, en lui donnant une particularité : celle de remplacer les épaisseurs produites par la pierre et par le béton par de nouvelles méthodes pour rendre l’effet de cette épaisseur.
La question de la répétitivité et de l’abstraction vient se nourrir de la « physicalité » de la matière, un élément ambivalent de cette expression dans laquelle on se trouve. Nous devons favoriser une société dans laquelle chacun serait plus disponible, mais, en même temps, nous exprimons le besoin de sortir du caractère virtuel du numérique pour essayer d’incarner la matière. Et cela sous un regard nouveau et risqué !
Autrement dit, l’économie numérique dans sa représentation physique questionne l’architecture du XXIe siècle ?
Il s’agit là de nous interroger tout simplement sur la façon de penser le rapport entre les différents éléments de programme et celle de les assembler de manière cohérente.
Début février 2016, je viens de présenter le projet EOLE EVANGILE à Paris. Cette réflexion élaborée a eu pour objectif d’essayer de créer de nouveaux espaces urbains plus entremêlés entre eux plus interactifs et plus citadins. L’idée directrice ? Traduire parallèlement, à un moment donné, tout ce qu’on peut scanner autour de nous (qui soit dans son temps) pour le transformer au profit de la ville.

Ce projet tel que je l’ai imaginé dégage trois thèmes, il se développe dans le cadre de REINVENTER PARIS, appel d’idées proposé par Anne HIDALGO. Vingt trois sites ont été mis à la réflexion, mettant PARIS sous le feu des projecteurs et invitant à une recherche possible. On peut juste espérer que la puissance politique nuisible des verts à Paris ne conduira pas cette recherche sur cette piste dangereuse qui laisserait croire que les arbres et les plantes grasses, plantés dans du béton, sont la solution à tout !
Mon projet EOLE est pensé à l’image d’une constellation. Le vide m’intéresse, comme composant majeur et prioritaire de la ville, à la manière de celui qui crée l’espace magnétique entre astres. C’est l’espace interstitiel que nous traitons, ici, en espérant pouvoir le formaliser de manière inédite. On aura ainsi recherché cette capacité à créer plus de fluidité dans la structure de la ville. Chaque fragment qui constitue ce dispositif par du vide et s’organise dans toutes les directions.
C’est un morceau de ville articulé, surprenant, parfois inopiné, mais toujours harmonieux.
Nous sommes dans le 19e arrondissement de Paris, sur un site absolument délaissé et sur lequel on peut espérer poser un morceau de ville, témoin d’une volonté politique affichée.
Avec EOLE l’idée est de construire des plateformes à usages potentiels, un prolongement des démonstrations de FRIEDMANN. Nous sortons très simplement de la construction de bâtiments plantés en terre et articulés, comme toujours, autour d’un jardin. On y trouve des arborescences géométriques construites, des paysages adaptés aux modes de vie qui arrivent et qui sont propres à répondre aux vœux politiques de la ville, quand elle dit vouloir REINVENTER L’ESPACE. On espère seulement que les commissions sauront écarter tous les projets conventionnels ou faibles, qui n’apporteraient rien d’autre à la ville que de lui permettre de prétendre qu’ils suffisent, après tout, à illustrer et justifier son propos.

Anne DEMIANS/ février 2016

CONVERSATION AVEC ELODIE NOURRIGAT
Quel était le thème de la 8ème édition du Symposium Métropoles du Sud ?
Elodie Nourrigat : L’organisation de ce symposium prend place au cœur de la pédagogie du domaine d’études Métropoles du Sud de l’école Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier. La question du développement métropolitain des villes est un des enjeux majeurs pour les architectes à fortiori pour les étudiants en architecture qui achèvent leurs études. Dès 2009, nous avons engagé des travaux dans cette volonté à la fois de compréhension, d’observation et d’expérimentation.

En quoi cette question est-elle majeure ?
E.N. Métropoles du Sud est le vocable retenu pour fédérer des travaux et recherches travaillant à la définition, à la caractérisation et la prospective des villes relevant des dynamiques métropolitaines. Ainsi, nous entendons chercher à identifier des tendances structurelles pérennes tout autant que des dispositifs locaux d’innovation susceptibles de renseigner la définition, la constitution et le devenir des métropoles. Construire une vision prospective sur la ville et les modalités de ses relations vertueuses à l’homme et son environnement semble constituer un enjeu fondamental et participe d’un réel positionnement. Nous avons résolument fait le choix d’interroger la question Métropolitaine tout d’abord au regard de la spécificité du territoire en tant que volonté de penser l’architecture et la ville par l’ancrage territorial. La force de toute métropole de demain sera dans sa capacité à affirmer la spécificité de son propre territoire.

Quel lien faites-vous entre identité territoriale spécifique et nouvelles technologies ?
E.N. L’idée est de questionner l’apport massif des nouvelles technologies et leurs impacts sur la ville en prenant en compte les nouveaux modes de gestion, de gouvernance et de constitution de la métropole. Les postures actuelles tendent à exprimer le fait que les nouvelles technologies apporte une sorte d’homogénéité à tous territoires et temps par un effet de « globalisation » a jeter un voile unificateur sur chaque ville. Ainsi nous souhaitons réinterroger cette posture en misant sur le fait que au travers des nouvelles technologies il est possible d’identifier et d’encrer des dispositifs propres à chaque territoire. Ainsi ce qui est dénommée aujourd’hui comme « Ville intelligente » nous semble être un engagement de réflexion nécessaire pour les architectes de demain.

Pouvez-vous être plus précise sur cette notion de ville « intelligente » ? Que met-elle en jeu ?
E.N. La volonté est de questionner le rapport nécessaire à l’innovation. Les innovations doivent dépasser le champ technique pour construire des dispositifs et des conditions de production de projets innovantes. Nous nous confrontons à la question de la « ville intelligente », car avec l’avènement massif des nouvelles technologies il devient nécessaire de s’interroger sur leur impacte dans notre approche de la ville ? Mais la question fondamentale n’est pas celle de rendre les villes « intelligentes », car cela signifierait que certaines ne le sont pas, mais plutôt d’élever le niveau des échanges, des réseaux, de l’efficacité énergétique, de la culture et de l’éducation à partir d’une ville existante, avec ses caractéristiques et spécificités propres. La ville est intelligente non pas parce qu’elle est technologique, elle est intelligente car elle est en capacité d’accroitre son niveau de services auprès des citoyens et de réinterroger les modalités de sa propre gouvernance. La preuve en est ; grâce à ce questionnement nous venons d’obtenir un programme Européen de recherche sur 3 ans dénommé Knowledge of Alliance for a Advanced Urbanisme – SENcity.

Quelle est la portée de SENcity ?
E.N. SENcity a pour vocation la définition de ce qui seront les villes-sens (ville sensorielle+ville sensible) en tant qu’espaces informatifs et interactifs et en même temps ouverts à la participation citoyenne, à la co-innovation. La combinaison entre Héritage et Innovation ainsi que le binôme « smart city » et « convivial city » est primordiale.

Comment fonctionne ce programme ?
E.N. Ce programme regroupe trois universités, IAAC Barcelone, l’Université de Gènes et nous-mêmes. Sont également associées 6 entreprises, françaises, espagnoles, italiennes et anglaises travaillant sur la gestion des données informatiques, la réalisation d’applications d’aide à la gestion de la ville, la création d’outils d’analyse et d’optimisation des données géo-localisées, et enfin sur le mobilier urbain connecté. A ce groupement s’ajoutent 2 acteurs sociaux culturels : les éditions ACTAR, et le Festival des Architectures Vives initié par l’Ecole nationale supérieure d’Architecture de Montpellier et dont nous fêterons la 11e Edition au printemps 2016.

Quel est son objectif ?
E.N. Outre les résultats de la recherche, il est attendu la mise en place d’enseignements innovants. Ceci permettra de changer les paradigmes de conception et de production des projets urbains en développant des synergies nouvelles qui font appel à différents milieux, ceux de l’entreprise, de la culture, de la sphère sociale et économique, l’idée force : décloisonner les pratiques de l’acte de bâtir. Métropoles du Sud prend également appui sur une volonté de « s’engager ensemble ». Cela sous-entend la nécessité du partage. Celui-ci est mis en œuvre entre enseignants, mais aussi il est souhaitable qu’il fasse écho chez les étudiants. Le métier d’architecte est trop complexe pour rester individualiste et retranché dans ses postures.

En d’autres termes, s’agit-il d’un projet commun ?
E.N. Cette expérience passe par la capacité à construire un débat en architecture. Ainsi, en plus du projet et dans le cadre du séminaire, les étudiants ont la responsabilité de l’organisation de cette journée de symposium. La construction d’un débat en tant que pédagogie nous semble être un outil essentiel à la formation d’architecte. Car notre rôle en tant qu’enseignants impliqués n’est pas simplement de leur transmettre des savoirs, mais bien de les préparer au plein exercice de leurs responsabilités en tant qu’acteur de la société. Et c’est ce que fait l’équipe enseignante de Montpellier, c’est à dire Jacques Brion, Boris Bouchet, Laurent Duport, Pierre Soto, Annabelle Iszatt, Jérôme Lafond, Guillaume Girod, Luc Léotoing, Laurent Viala, Khedidja Mamou, Andrès Martines, Axelle Bourdeaux. Mais nous n’agissons pas seuls puisque nous invitons nos confrères à débattre et à venir témoigner sur leur pratique pour éclairer les étudiants. En janvier, nous avons eu le plaisir d’accueillir Anne Démians, Mosé Ricci, et Mads Brigens de l’agence COBE. L’engagement est une des forces de l’ENSAM qui souhaite que ses étudiants sortent de ses murs pour activer les échanges et c’est pourquoi nos partenaires* nous suivent dans ce type de symposium ».

*La Région Languedoc Roussillon- Midi Pyrénées / La ville de Sètes / L’Agglo de Thau / Volume, nouveau showroom d’Union des Matériaux / Technal, / Vinci Autoroute / Technilum / le Géant des beaux Art / Art Hélios

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