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DUNES
VAL DE FONTENAY 2011-2016

Informations Techniques

Maître d'ouvrage : Société Générale
Maître d'ouvrage mandataire : SOGEPROM
Architecte : Anne Démians
Directeur de projet : Martin Mercier, Jack Weinand
Équipe : Alain Sabounjian, Malik Darmayan, Maité Casas, David Dahan, Gabriel Ober, Minsu Lee, Francesco Girardi
BET Economiste : Alain Mazet et associés
BET Cuisiniste : Gaury
BET Structure & Façades : VP & Green
BET HQE : Alto Ingénierie
Designer : Christophe Pillet
Graphisme : Ruedi Baur
Acousticien : Jean-Paul Lamoureux
Paysagiste : Pascal Cribier
SDP : 90 000 m² Bureaux (70 000 m² SDP) Services associés (20 0000 m² SDP)
Coût : 240 M€ HT

LES ENJEUX PRINCIPAUX DU PROJET

Les enjeux étaient doubles : Le premier enjeu était de déplacer 5 500 personnes pour Société Générale, de la Défense à Val-de-Fontenay. Ce qui représente plus de 100 000m2 construits sur une parcelle de 23 000m2. Le deuxième enjeu était de répondre, dans le cadre d’un concours international, à un programme avec, comme ambition, l’innovation sans que le contenu ne soit défini précisément.

Aux tours verticales de La Défense, j’ai préféré un système horizontal plus favorable pour répondre à cette volonté d’innovation managériale.

Dans ce système horizontal, j’avais 2 réponses possibles : soit un bâtiment carré qui tient les limites de la parcelle avec une cour carrée ou celle que j’ai choisie, 3 lignes parallèles orientées est-ouest qui s’interrompent aux limites de propriété. 3 ondes de 35 mètres de haut pour 160 mètres de long environ.

Cette pièce urbaine qui n’a ni début ni fin me permet de mettre un bâtiment paysage, pour pallier la faiblesse de la forme de la ville. J’ai créé un morceau de paysage ouvert sur le territoire.

J’installe un système horizontal avec une alternance entre plein et vide, entre dimension bâtie et dimension paysagère, qui est reliée par un grand rez-de-chaussée qui couvre l’intégralité du terrain simplement percé et éclairé par de grands patios.

Cette grille d’espaces disponibles me permettra, une fois le concours gagné, de définir précisément le contenu du programme pour répondre aux ambitions de Françoise Mercadal Delasalles, en matière d’innovation managériale et de Jean-Marc Castaignon en matière d’innovation de projet immobilier.

L’enjeu était également architectural. Il s’agissait d’offrir une alternative qualitative face à ces bureaux banalisés et tristes qui se construisent depuis des décennies et d’opposer une rupture franche avec les modèles américains type Apple et Google par l’intelligence des dispositions et la frugalité des moyens.

QUE DEVAIT REPRÉSENTER LES DUNES POUR SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ?

Françoise Mercadal, Directrice des Ressources et de l’Innovation du Groupe Société Générale : « Il était important de rééquilibrer la présence de Société Générale sur le territoire francilien et d’offrir aux salariés du groupe, à l’est de la région parisienne, une adresse nouvelle. Avant toute chose, je tiens à féliciter le génie de la proposition d’Anne Démians. Au moment du concours, quand j’ai vu cette femme me proposer sa poésie alors que nous étions dans un monde comptable, j’ai tout de suite compris – et Jean Marc avec moi – que son projet devait être notre projet. En face, nous avons invité d’autres agences reconnues pour leur travail et leurs références tertiaires. Leurs façades vitrées, leurs murs rideaux me donnaient l’impression de recréer Issy-les-Moulineaux à Val-de-Fontenay. Anne Démians nous a proposé un paysage à même de porter nos ambitions en termes d’innovations. Ce choix a pu en surprendre plus d’un mais qui aujourd’hui ne se presse pas pour venir travailler aux Dunes ? Nous avons su créer une émulation. Ne serait-ce que ce nom : Les Dunes ! Il est né d’un concours d’idées que nous avons ouvert au sein du groupe. C’est l’un de nos collaborateurs qui a trouvé ce nom ! »

Quelle position avez-vous adaptée face au programme du concours ?
L’intérêt du programme du concours était qu’il tenait en 3 pages et qu’il définissait des objectifs d’innovation sans définir les moyens. Et c’est justement l’intelligence de ce programme qui était ouvert et qui laissait une marge de liberté appréciable pour innover.

C’est pourquoi, plutôt qu’un projet fini et arrêté, j’ai préféré installer une grille d’espaces disponibles avec un projet inachevé. Cette grille d’espace devait pour autant être extrêmement structurée dans sa spatialité. Elle se caractérise par 2 strates principales : le rez-de-chaussée qui occupe l’ensemble de la parcelle est occupé par l’ensemble des espaces collaboratifs et partagés. On y trouve le business center, constitué de salles de réunions aux configurations évolutives, un amphithéâtre de 250 places supplémentaires, des espaces de restauration, des espaces d’innovations, de repos, de sport, etc. Deux rues superposées, une extérieure, une intérieure créent le lien entre la strate basse et la strate haute. A partir de ces deux rues, sont accessibles les distributions verticales qui innervent les plateaux supérieurs qui sont de vastes plateaux avec des structures porteuses et toute l’innervation technique au centre pour libérer sur plus de 160 mètres de long des espaces disponibles.

J’ai voulu créer un dispositif ou la notion de travail collaboratif trouvait sa plénitude dans un système plutôt horizontal que vertical pour rapprocher physiquement les individus

L’originalité de ce projet demeure dans le rapport entre l’espace et le déplacement qui signifie vraiment quelque chose à ce bâtiment-paysage. Le paysage, défini par ces nefs, forme une pièce urbaine cohérente. Cette pièce est tellement grande qu’elle ne peut s’appréhender d’un seul regard, c’est une succession de séquences vivantes : des moments de travail, des jardins apaisants, des transparences, des profondeurs, des vues proches (dans les patios), des vues lointaines. Cette disposition spatiale a été la base de discussions ouvertes avec le maître d’ouvrage pour définir ensemble la scénarisation des espaces la mieux adaptée à l’intégration d’une innovation managériale liée à l’introduction du numérique. Les mises au point sur le projet étaient contenues surtout sur les aménagements intérieurs, notamment pour diversifier les usages dans le temps.

L’intégrité du dispositif général n’ayant jamais été remise en cause contribue à la qualité de sa cohérence entre intérieur et extérieur.

UNE NOUVELLE MÉTHODE DE CONCEPTION
On pourrait considérer que Google et Apple sont des modèles construits qui aurait pu influencer le projet, ce qui n’est pas le cas. Nous n’avons pas de complexe à avoir vis-à-vis de ces projets dans la mesure où ils participent d’une autre culture par une surenchère de signes. Il s’agit aux Dunes de mettre en place un nouveau modèle adapté à notre culture et à nos codes d’échanges. C’est un projet complètement nouveau / il y a des références plus liées à la transcription des concepts dont j’ai parlés. Il s’agissait plus pour moi de donner une texture à ce bâtiment-paysage en prenant comme point de départ des références qui ne prennent pas racine dans l’architecture elle-même.

Le dispositif général a été d’une manière fortuite inspirée par les installations sauvages et libres de gens qui s’installent selon des lignes successives parallèles à la mer, aux Salins de Giraud, en Camargue. Il s’agit de caravanes et de roulottes qui s’installent d’avril à fin octobre. Il s’agit d’un campus naturel qui existait même avant que le mot campus ne soit inventé. C’est un modèle spontané de liaisons horizontales et de liens sociaux qui m’a inspiré.

La texture générale du bâtiment a été inspirée des rivas que l’on voit sur le Grand canal à Venise. Ils m’ont inspiré pour la beauté de l’agencement de 2 matières précieuses que sont le bois d’acajou et les pièces en inox.

UN PROJET À PLUSIEURS MAINS.
Et il s’est passé quelque chose de rare, lors de ce projet, dont je n’ai compris que plus tard l’importance : ma vision architecturale rencontrait une nouvelle vision managériale liée à l’ère du numérique qui allait s’étoffer et s’enrichir l’un et l’autre au fil de l’élaboration du projet et des échanges avec Société Générale.

La richesse spatiale des Dunes est la somme d’une addition d’expertises extraordinaires et d’un échange régulier avec Françoise et Jean-Marc.

J’ai eu la chance de pouvoir regrouper autour de moi, avec l’assentiment de Société Générale et de Françoise, une « dream team » de paysagistes, de designers, de graphistes qui a permis de renforcer le dispositif spatial et de l’enrichir. Avec notamment Pascal Cribier et Jean-Marie David, paysagistes des extraordinaires jardins des Dunes, Christophe Pillet, designer hors pair qui a nourri la narration de la vallée et du business center, Ruedi Baur qui a su agréger signalétiques et différents langages graphiques, pour inscrire les Dunes dans la grande tradition française de l’architecture comme lieu de littérature et d’histoire.

Ruedi Baur : Anne Démians est venue nous chercher car elle considérait que la signalétique pouvait jouer sur la manière dont chacun pourrait percevoir l’espace et le pratiquer. Toutefois comment éviter une forêt de panneaux qui affectent généralement ce genre de lieu ? Comment conserver toute l’humanité d’un parti architectural sensible ? Il nous fallait être juste et rendre notre intervention la plus discrète possible.

https://chroniques-architecture.com/ruedi-baur-ou-les-langages-des-lieux/

Travailler aux Dunes, c’était être dans un univers comptable fait de chiffres et de nombres. Aussi, l’écriture s’est révélée être le contrepoint évident d’un monde mathématique et abstrait. Elle est à la fois fonctionnelle et lyrique. Nous avons dès lors fait travailler des calligraphes du monde entier. Nous avons également imaginé des poèmes calligraphiés qui viennent croiser des textes plus longs retranscrits à l’aide de nos caractères latins. Tous indiquent les montées d’ascenseurs. Ils débutent aux sommets des bâtiments pour descendre d’étage en étage jusqu’au niveau de la rue intérieure. Nous avons également fait travailler des graffeurs dans le parking. De l’audace pour une banque ! Cela allait toutefois de pair avec les ambitions fixées à l’origine par Société Générale. Nous n’avons fait qu’affirmer une volonté d’ouverture au monde.

Simplicité du dispositif / Economie d’échelle/ nouveauté des matériaux (bois recyclé et recyclable) / 1ère en Europe dans une rationalité des assemblages

Dans sa représentation physique, l’économie numérique questionne l’architecture du XXIe siècle.

Les Dunes est une réponse à ce questionnement. Cette réalisation est certainement une nouvelle référence en matière d’innovation spatiale et managériale d’une nouvelle façon de travailler à l’ère du numérique.

Ce n’est pas le résultat qui est à reproduire mais la méthode. Et c’est la méthode mis en place dans ce projet que je considère comme exemplaire et j’ai bien l’intention de la prolonger dans d’autres projets pour toujours m’inscrire dans une attitude d’innovation active.

Ce qu’il y a de bien dans cette affaire c’est que nous avons tellement réussi et que Société Générale s’identifie tellement aux Dunes, que je ne vais pas pouvoir proposer le même projet à une autre banque !!

Il va falloir que j’innove encore et encore !

Intervention table ronde Maison de l’architecture 7 février 2017

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